De la colère intime au carnage stylisé

Dès La Mariée était en noir de Truffaut, la vengeance emprunte les codes du polar et du mélodrame pour raconter des femmes que rien n’arrête. Avec Carrie de Brian De Palma, la violence se retourne contre une société qui construit, puis rejette le « monstre » qu’elle a fabriqué. Peu plus tard, I Spit on Your Grave (1978), film controversé mais initiateur, ouvre la voie au rape and revenge movie et inscrit la vengeance au féminin dans un cinéma encore marginal et transgressif. Les films plus récents déplacent les enjeux : Gone Girl et Promising Young Woman révèlent la toxicité des normes sociales, tandis que Revenge affronte frontalement le cinéma du trauma. Qu’elle surgisse dans l’élégance baroque de Lady Vengeance ou dans l’ironie pop de 9 to 5, la revanche devient stratégie, performance, ou libération. 

À travers ces œuvres, le cinéma explore la reconstruction hors des récits imposés et incarne la rage d’héroïnes qui refusent leur destin, retraçant cinquante ans de figures qui ne se laissent pas réduire à des victimes.