Citations, parodie, détournement : jouer avec les motifs

Par Diane ARNAUD (Critique et professeure en esthétique filmique, Université Gustave Eiffel)

Cine-conference ponctuée d’extraits de films | en langue française | 60’ | suivi de la projection de Reservoir Dogs (Quentin Tarantino)

« La création cinématographique est lisible pour Jacques Aumont comme « site de reprises, de souvenirs plus ou moins conscients, de citations, de pastiches, de rencontres, délibérées ou non ». Cette leçon se penche sur les diverses formes ludiques de reprise de motifs inventées par les films : de l’hommage cinéphilique au remake, avoué ou déguisé, en passant par la transformation parodique. Contrairement au pastiche, qui s’attache à un style et à un genre, la parodie engage une pratique où la dimension inventive l’emporte sur l’analyse, ce qui ne signifie pas qu’elle exclut un regard réflexif sur l’œuvre de référence qui a été transformée. La condition nécessaire pour qu’il y ait parodie consiste à faire coexister des marques d’imitation et d’irrespect de sorte à assurer une déviance par rapport au modèle et maintenir vivant l’esprit de dérision. 

Trois films du XXIe siècle ont retenu l’attention pour illustrer et défendre le bien fondé des pastiches et des parodies. Leurs auteurs – le Finlandais Aki Kaurismäki (né en 1957), l’Américain Quentin Tarantino (né en 1963) et le Norvégien Joachim Trier (né en 1974) – appartiennent à la famille des cinéastes cinéphiles dont les œuvres riches en citations et en hommages plus ou moins discrets convoquent à la fois le cinéma de genre et le cinéma d’auteur, les films de série Z et les chefs-d’œuvre de la modernité. Il m’importe de montrer que ce jeu des références, dont l’aspect jubilatoire n’est pas à prouver, a du sens sur les plans esthétique et éthique : il sert à raconter une histoire singulière du cinéma mais aussi à faire accéder les films à une dimension humaniste. » (Diane Arnaud)